Collectif interassociatif autour de la naissance

à

Madame Roselyne BACHELOT- NARQUIN Ministère de la Santé et des Sports 14, avenue Duquesne 75350 PARIS 07 SP

Le 17 mai 2010

Madame le Ministre,

Nous avons à maintes reprises déjà eu l'occasion d'attirer votre attention sur une demande croissante d'offres de soins concernant les suivis de grossesses de la part des femmes et des couples.

Dans ce contexte, de plus en plus de femmes choisissent l'approche d'une sage-femme pour effectuer un suivi personnalisé de leur grossesse. Or force est de constater à ce jour que depuis deux ans les sages-femmes peuvent de moins en moins répondre à toutes ces demandes.

Nous ne pouvons, devant la persistance d'absence de réponse donnée, que reprendre les termes de notre précédent courrier qui malheureusement demeure de plus en plus d'actualité, à savoir :

  • Les contraintes imposées à cette profession - numérus clausus encore trop bas, perte de statut et d'autonomie dans l'exercice de leur métier, pression de la profession dominante : les gynécologues -obstétriciens (en lobbying à défaut du nombre) - ont conduit au départ de 2 à 3000 sages-femmes en âge d'exercer dans les années 2000, laissant aujourd'hui cette profession sinistrée.
  • Les 20 000 sages-femmes en exercice sont malgré tout en nombre insuffisant pour assurer un accompagnement de qualité. Le Royaume-Uni, pour un nombre de naissances de 100 000 inférieur aux naissances françaises, compte 34.000 sages-femmes en exercice (sur le principe de « une femme, une sage-femme ») pour 2200 gynécologues-obstétriciens, alors que notre pays en compte près de 5000. Ce déséquilibre français entre sages-femmes et gynécologues obstétriciens est une des raisons de la surmédicalisation que nous dénonçons.
  • Les problèmes qu'elles rencontrent pour les soins à domicile et pour leur assurance professionnelle font que nous voyons se dessiner de plus en plus de zone de désertification ne permettant pas d'assurer de manière uniforme des suivis et soins dans toutes les régions. Par exemple, Paris intra-muros se révèle une zone désertifiée sans doute du fait d'un surnombre de médecins n'assurant pas le même type d'approche.
  • La perte d'autonomie des femmes et des couples, les dérives, et les surcoûts appliqués par ces spécialistes chirurgiens pathologistes (en dépassements d'honoraires) pour des situations physiologiques qui relèvent dans la plupart des autres pays européens de la compétence des sages-femmes, les services rendus par ces 20 000 sages-femmes en activité, à la société civile, au million de femmes qui débutent une grossesse et aux plus des 830 000 naissances que les sages-femmes accompagnent chaque année, sont une évidence que seuls certains membres des pouvoirs publics semblent vouloir ignorer.

Les professions de santé qui sont citées sont toujours « les médecins, les chirurgiens-dentistes et les infirmières », et les responsables de certains services du ministère de la santé n'ont de cesse de considérer la profession de sage-femme comme une profession sous tutelle de celle des médecins (est-ce parce qu'ils sont eux-mêmes médecins ?), alors qu'il s'agit d'une profession médicale à part entière (et non d'une profession para-médicale).

Plus que jamais, nous continuons à penser que la sage-femme doit devenir le « pivot du système de suivi en périnatalité » dans les domaines de la physiologie, et de l'eutocie (80% des grossesses, naissances et post-partum), et n'orienter les femmes vers les spécialistes qu'en cas de problèmes et/ou de pathologie.

Nous espérons que cette lettre attirera votre attention quant à l’urgence de la situation. Dans l’attente d’une manifestation de votre part,

Veuillez agréer, Madame le Ministre, nos sentiments les plus cordiaux.

Chantal Ducroux-Schouwey

Présidente du CIANE


Modif. May 26, 2010, at 09:21 PM<br />(:addThis username="xa-4b5388e32c732dfe" btn="lg-share":)

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