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Témoignage d'Eudes

J'ai accouché en juin 2004 de mon premier enfant dans une clinique. J'ai seulement dit au gynécologue que je voulais une naissance sans péridurale. Il m'a promis d'être là pour la naissance, même si ce n'était pas un souhait de ma part, puisque je ne le connaissais pas, ayant été adressée à lui par la gynécologue qui a suivi ma grossesse.

Lors de l'accouchement, voici ce à quoi j'ai eu droit sans l'avoir demandé, mais qui m'a été présenté par l'équipe de la clinique comme indispensable :

  • rasage
  • lavement
  • rupture artificielle de la poche des eaux
  • sonde urinaire
  • monito continu
  • séparation imposée avec mon mari, par moments (porte fermée à clé)
  • perf (bleu au bras et douleur pendant 2 semaines)
  • syntho
  • la soif du désert
  • position "normale" non négociable (couchée sur le dos les pieds dans l'étrier, bien expliqué lors de la préparation à l'accouchement)
  • résultats du foot et prévisions météo pendant l'expulsion

J'ignore ce qu'on a fait à mon bébé pendant le temps (qui m'a paru infini) où il m'a été enlevé. Mon mari n'a pas pu l'accompagner, il a pleuré d'émotion dans la voiture.

Voici les conditions d‘accueil à la clinique :

  • une partie du travail dans la salle d'attente. Je me souviens que j'étais à 4 pattes pour gérer les contractions à côté des papas, et des ouvriers tenant une échelle sont passés à côté de moi (maternité en travaux).
  • j'ai entendu une femme hurler "j'ai maaaaaaal"
  • la /les sages-femmes débordées par les 6 accouchements en cours venaient entrouvrir la porte pour me demander « ça va ? » et repartaient sans attendre ma réponse. Une sage-femme m'a dit à un moment « maintenant, va falloir pousser », et elle est repartie.
  • Le gynécologue était là juste au moment de l'expulsion. Ses paroles d'encouragement étaient « elle a un périnée tout souple, la dame, c'est très bien ! »

Je pense que ces conditions expliquent à elles seules pourquoi j'ai demandé une péridurale alors que je n'en voulais pas au départ.

J'ai eu des conseils sur l'allaitement qui ont failli mener au sevrage de mon aînée :

  • mettre des coques et un soutien-gorge très très serré jour et nuit
  • allaiter à la demande, mais « pas plus de 8 fois par 24h, et espacer de 2h »

Ma chambre était à côté de la salle où bipaient les alarmes. Au bout de 2 jours, j'ai supplié mon gynéco de me laisser sortir pour pouvoir dormir, et j'ai demandé à mon bébé de prendre suffisamment de poids pour que le pédiatre nous laisse sortir.

J'aurais dit dans un questionnaire de satisfaction que tout s'est bien passé, jusqu'à ce que j'apprenne avec stupéfaction que tout aurait pu se dérouler différemment. J'ai aussi eu une chance inouïe de trouver une association qui m'a aidé à sauver mon allaitement, très important pour moi et ma fille.

Forte de ma première expérience, voici ce que je voulais pour la naissance de mon 2ème enfant :

  • la présence continue d'une sage-femme que je connais, sans intervention sur le déroulement du travail qui ne soit absolument nécessaire (médicalement nécessaire)
  • que mon aînée puisse être avec nous
  • ne pas être séparée de mon bébé du tout
  • retour à la maison dès que je le sentais, probablement tout de suite après la naissance

J'ai consulté une sage-femme qui a accès à un plateau technique, et qui m'a avoué qu'avec ce projet de naissance, je ne pouvais qu'aller en Allemagne dans une maison de naissance. La sortie trop « précoce » ne lui semblait pas une bonne décision, et la présence de mes autres enfants ne lui semblait pas négociable dans un hôpital.

Lorsque j'ai présenté à la sage-femme allemande de la maison de naissance de Sarrebruck mes souhaits, tout lui a paru possible !

Et tout s'est passé comme je le souhaitais, si ce n'est le trajet d'une heure, difficile à supporter pendant les contractions. J'ai pu rentrer à la maison 3h après la naissance.

A regret, l'accompagnement de mes 2e et 3e grossesses ont été limités au strict minimum avec la sage-femme allemande par crainte de ne pas être remboursée. J'ai donc fait appel à une sage-femme libérale française et à un médecin généraliste pour le suivi médical.

Entre mon 2e et mon 3e accouchement, j'ai pu préciser mes souhaits :

  • pas de toucher vaginal lors du travail
  • pas de monito dans mon champ de vision
  • pas d'horrible slip en filet, ni de serviette hygiénique en plastique irritant
  • pas de couche jetable fournie par la mdn pour mon bébé
  • un matelas pour accoucher par terre

Finalement, lors de mon 3e accouchement, je suis arrivée in extremis à la maison de naissance : j'ai commencé à pousser dans le hall de l'immeuble, mon mari et la sage-femme ont dû me porter et mon bébé est né 5 mn après avoir franchi le seuil de l'appartement... Bref, je suis arrivée à dilatation complète dans la voiture dans des conditions horribles (neige, brouillard, stress de ne pas arriver à temps). Pendant le voyage, j'ai dit à mon mari "la prochaine fois, rappelle-moi de ne pas faire la même erreur".

Oui, mais la prochaine fois, je fais comment ? Je suis l'avis de mon mari qui me dit "on reste à la maison", et je me passe de la surveillance avisée d'une sage-femme, je regarde moi-même si le placenta est complet avant de l'enterrer dans le jardin ? Je prie pour qu'on n'ait pas besoin d'appeler les pompiers, sinon retour à la case départ ?


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